Il va falloir s’accrocher pour décrocher le sourire sur le visage de Ricarda Bauernfeind. Et la coureuse de Canyon//SRAM Racing aurait bien tort de le perdre. "Je suis ravie, je n'arrive pas à y croire, c'est génial !", exulte-t-elle, après avoir triomphé sur la cinquième étape du Tour de France (voir classement). Dans les 40 derniers kilomètres, l’Allemande a tenté sa chance, accompagnée par la Britannique Claire Steels. Mais bien plus forte, elle a rapidement continué l’aventure en solitaire. Elle est loin de l’imaginer à ce moment-là, mais plus personne ne la reverra avant Albi. "Je n'ai jamais pensé que je pouvais tenir jusqu'au bout", concède-t-elle néanmoins.

À l’origine, son attaque ne débordait pourtant pas de confiance. "D'abord, j'ai essayé vraiment pour essayer, mais j'ai cru en mes chances. J'avais mon DS avec moi, le plan a marché". Rapidement poursuivie par sa voiture, avec à l’intérieur un certain Magnus Backstedt, Ricarda Bauernfeind pouvait compter sur un appui de marque pour la soutenir jusqu’à la ligne d’arrivée. "Il m'a dit « Rica, c'est ton tour, c'est ton type de montées, c'est ce qui te convient le mieux ». Je lui ai fait confiance et ça l'a fait".

« JE N’AI JAMAIS FAIT UN NUMÉRO COMME ÇA »

Si la récente 5e de la Vuelta, et 3e de l’étape de Mirador de Penas Llanas derrière Demi Vollering et Annemiek van Vleuten, a pu aller au bout, c’est aussi parce que le peloton n’a pas réussi à s’organiser correctement. L’écart a approché les deux minutes, avant que la SD Worx-ProTime ne décide de mettre Marlen Reusser à rouler, seule. Son avance s’est alors effritée. "Quand l'écart tombe, tu as juste à te battre jusqu'à l'arrivée. Je n'y ai pas cru avant de franchir la ligne la première. C'est comme un rêve, c'est fou", reprend la lauréate du jour. Pour elle, la machine néerlandaise allait l’avaler. "Honnêtement, je pensais qu'elles allaient me reprendre dans les derniers kilomètres".

Ricarda Bauernfeind s’est aidée du public pour capter des indices sur son avance. "Je regardais les gens au bord de la route, je voyais qu'ils regardaient loin derrière moi, donc je me disais que le peloton était peut-être à bonne distance". Et le résultat, c’est donc un premier succès WorldTour, sur la course la plus prestigieuse du calendrier, et avec la manière. "Je n'ai jamais fait un numéro comme ça, c'est la première fois. J'ai fait confiance à la tactique de l'équipe. Mes coéquipières ont fait du travail dans la première partie de course pour rouler derrière la première échappée. Toutes les victoires sont aussi dues à l'équipe, au staff, etc". Mais ce jeudi, Ricarda Bauernfeind y a quand même beaucoup mis du sien.