Gagner la Ronde de l’Isard après avoir escaladé, entre autres, la Hourquette d’Ancizan, le Val Louron, Peyresourde, le Portet d’Aspet, le Plateau de Beille ou le Col du Portel, alors que l’on vit à Amersfoort et que l’on s’entraîne sur des terrains plats toute l’année, c’est possible ! Demandez donc à Darren Van Bekkum. “Chez moi, le plus gros effort dans une montée dure deux minutes”, se marre-t-il auprès de DirectVelo derrière la ligne d’arrivée finale de la Ronde de l’Isard (2.2U), à Saint-Girons, après avoir enlevé le classement général de cette épreuve de prestige du calendrier Espoirs. “Je ne m’y attendais pas. Je me sentais compétitif mais de là à gagner…”.

Il faut dire que l’athlète de 22 ans n’avait encore rien gagné chez les U23, en trois ans et demi dans la catégorie d’âge. Surtout, il débarquait dans les Pyrénées dans la peau d’un équipier de luxe et avec l’idée de projeter Jorgen Nordhagen et Tijmen Graat vers les sommets. Mais les deux derniers cités ont abandonné samedi, malades, alors que le Norvégien portrait le maillot jaune et que le Néerlandais restait en embuscade à une poignée de secondes. “J’aurais aimé finir le boulot moi-même mais avec la grosse fièvre que j’avais et l’estomac à l’envers, c’était impossible”, concède Jorgen Nordhagen, qui va se concentrer sur la préparation du Tour d’Italie U23.

« FACILE DANS LA ROUE »

Darren Van Bekkum a parfaitement pris le relais dans le Plateau de Beille (lire ici) avant de défendre à la perfection son maillot ce dimanche, malgré la présence de seulement trois équipiers en appui. Les Visma Lease a Bike DT ont parfaitement contrôlé cette étape et n’ont jamais été mis en danger. “Trois mecs devant, c’était parfait. On a bien géré avec les Trinity, en roulant fort dans les montées. Il n’y a jamais eu d’inquiétude”, assure sans surprise le vainqueur. Seul petit frémissement, la vive attaque du Belge Jarno Widar (Lotto-Soudal DT) dans les pentes les plus sévères du Col de Portel. Mais le maillot jaune n’a pas été destabilisé. “J’étais assez facile dans la roue”. En revanche, son dauphin au général, le Suisse Robin Donzé (Tudor) a craqué. “On a proposé aux Lotto de rouler avec nous car ça leur permettait de monter sur la deuxième marche du podium. Et on leur a fait comprendre qu’ils n’allaient pas me reprendre deux minutes dans la dernière partie de l’étape”.

L’appétit vient en mangeant alors, une fois la victoire finale (pratiquement) actée, la Visma se décide à cumuler les prix et les honneurs. Ainsi, Darren Van Bekkum va faire les points au sommet du col pour prendre au dernier moment le maillot de meilleur grimpeur, tandis que Menno Huising profite de la mauvaise journée de Robin Donzé pour monter sur la troisième marche du podium. “On a roulé le plus vite possible pour qu’il ne rentre pas. J’espérais monter sur le podium à côté de Darren, c’était notre deuxième objectif de la journée. On prend aussi le classement de la montagne, c’est incroyable”, se réjouit Menno Huising, lequel tient à souligner le boulot réalisé toute la journée par la jeune garde des jaune-et-noir, Tomos Pattinson et Jonas Hoydhal. “Ce sont des Espoirs 1ère année, ils ont bien tenu la baraque, bravo et merci à eux”. Chez Visma, tout le monde a contribué à une victoire que la moitié de l’équipe semblait en mesure de décrocher. “On a tout maîtrisé, insiste Menno Huising. Alors imaginez si on avait eu les six mecs avec nos deux leaders !”. Après Gijs Leemreize et Johannes Staune-Mittet, la Visma, totalement au-dessus du lot, conforte l’adage « jamais deux sans trois » avec sa carte N°3. Et à quatre. La domination est totale.